mercredi 27 avril 2022

Cours de français obligatoires dans les cégeps anglophones: Jolin-Barrette recule (encore)

Les cégeps anglophones pourront offrir aux « ayants droit » de suivre trois cours DE français plutôt que trois cours EN français, comme le prévoyait à l’origine le projet de loi 96, a finalement décidé le gouvernement Legault. La nouvelle, d’abord rapportée par La Presse, a été confirmée mardi soir par le cabinet du ministre Simon Jolin-Barrette.

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a cédé devant les pressions des anglophones

Le projet de loi sur la réforme de la Charte de la langue française, dont l’étude en commission est terminée, prévoyait jusqu’à tout récemment que l’ensemble des élèves des cégeps anglophones devraient suivre trois cours de leur cursus en français et réussir une épreuve uniforme dans la langue de Miron pour obtenir leur diplôme.

Cette obligation, d’abord absente de la pièce législative, avait été ajoutée à la demande de la députée libérale Hélène David, porte-parole de l’opposition officielle pour la protection de la langue française.

Or, le Parti libéral s’était ravisé devant l’opposition des cégeps anglophones, qui estimaient qu’une telle mesure nuirait à la réussite scolaire des anglophones peu instruits en français, et avait demandé que l’amendement soit modifié pour s’adapter aux besoins des élèves privilégiés issus des réseaux primaires et secondaires anglophones (les « ayants droit »).

Les trois cours obligatoires en français prévus avant la reculade de la CAQ auraient pénalisé les étudiants anglophones, dont 35 % très mauvais en français auraient connu un échec, avait « prévenu » la Fédération des cégeps. Le quotidien The Gazette avait poussé des cris d’orfraie au début avril et rapporté des témoignages d’élèves et de parents qui déploraient ce qu’il qualifiait une atteinte aux droits de la minorité anglophone (l’ignorance du français, donc).

Comme le signale l’essayiste Frédéric Lacroix, les cours EN français dans les cégeps anglais, cela forcerait les étudiants et le système scolaire anglophones (primaire et secondaire) à enfin prendre la maîtrise du français au sérieux. Chose que ne feront pas des cours DE français à la fin de la scolarité préuniversitaire (le cégep).

En outre, en l’absence de mesures incitatives claires qui assurent la maîtrise du français — inutile dans les universités anglophones et aussi sur une bonne partie du marché du travail à Montréal — Pour Frédéric Lacroix, « la seule chose à faire serait d’imposer l’Épreuve uniforme de français aux ayants droit ».

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